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Que d’eau…perdue ! Que d’eau…perdue !

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Comment ne pas être interpellé par les séquences climatiques extrêmes de ces dernières années en matière de précipitations, dont l’occurrence devient de plus en plus fréquente ?

L’année 2019 nous a offert un nouveau cas d’école, avec une sécheresse interminable pendant quatre mois, suivi d’un tunnel de pluies presque aussi long, dont le point d’orgue a été un pic impressionnant en novembre (quasiment pas de jours sans pluies dans de nombreuses régions). Des hauteurs d’eau de 700, voire 900 mm sur trois mois ont été couramment enregistrées. C’est ainsi qu’au final, des milliards de mètres cubes d’eau douce sont venus se perdre dans la mer… À Tonneins, la Garonne s’écoulait par exemple à 5 000 m3/s le 16 décembre dernier. Comme le calculait un agriculteur sur Twitter, cinq heures à un tel débit représente toute la consommation annuelle du Lot-et-Garonne pour l’irrigation agricole. Un ordre de grandeur et une image, bien sûr, mais qui en disent long sur l’inconséquence de nos politiques hydrauliques. D’autant plus que l’on sait maintenant ce qui nous pend au nez avec le changement climatique, c’est-à-dire des périodes de sécheresse intenses alternant avec des pluies continues et des inondations.

Ceux qui ont la chance de posséder des réserves collinaires ou de substitution témoigneront qu’elles sont déjà quasiment remplies en ce début d’année ! Mi-janvier, un dirigeant d’EDF expliquait, de son côté, que les barrages français atteignaient un niveau de remplissage historique permettant de faire face à d’éventuels pics de consommation électrique et de faire des lâchers de réalimentation.

Va-t-on, enfin, se réveiller et arrêter ce « malthusianisme hydraulique » qui nous envoie dans le mur et qui éberlue d’ailleurs tant de pays du Sud bien moins lotis que nous ? Songez que la doctrine est encore à la destruction d’ouvrages au nom de la continuité écologique. Il faudra nous expliquer en quoi un cours d’eau régulièrement à sec et non réalimenté est source de biodiversité ! Mais par la force de l’évidence, les choses sont peut-être en train de bouger. Depuis trente ans, « on a oublié qu’une politique de l’eau comprend certes la gestion de la demande, mais aussi des investissements dans des infrastructures hydrauliques, souligne Guillaume Benoît, président du groupe “eau et sécurité alimentaire” du Partenariat français pour l’eau (1). Du fait des conséquences du changement climatique, sous estimées depuis des années, cette vision restrictive est totalement erronée ». Dernièrement, un collectif anti-réserves a tenté de faire croire que « l’eau pourrissait dans les bassines » afin de faire monter une nouvelle peur dans la population. Affirmation heureusement démentie par les autorités sanitaires. Mais ce cas en dit long sur le rapport au stockage de l’eau dans ce pays et la pente qu’il va falloir remonter…

(1) Hors-série de La France agricole : « Eau et Irrigation : réponses à ceux qui veulent couper les vannes ».

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